Généralement, sur ce blog, chacun peut prendre sa plume pour partager un bon plan, une astuce, mais en ce 16 Février, je m’exprime sur un sujet qui me tient à coeur. Aujourd’hui n’est pas une journée classique, elle est difficile et même insupportable, car comment la vivre sans toi ? Je t’envoie cette lettre à travers les cieux. Entendras-tu ce cri du coeur ?
Nous avions une passion commune pour les séries, le cinéma, la musique, les gâteaux au chocolat et tant d’autres sujets. Tu m’as fait découvrir la littérature, la poésie, la lecture, l’écriture et mon métier, c’est toi qui me l’as soufflé. Nous avons vécu le meilleur et aujourd’hui, c’est avec le coeur lourd que je vais t’écrire. En espérant que cette lettre te parvienne jusqu’au ciel, au jardin d’Eden où tu as pris tes aises et je souhaite de tout coeur que ce bonheur que tu as tant attendu soit enfin là. J’ai essayé à maintes reprises de te porter à bout de bras, mais la vie a fait que tu es partie et je n’ai pas réussi à te retenir.
Ma vie s’est arrêtée un jour d’été que je ne cesse de vivre, mon esprit s’envole et je revois chacune des secondes défiler sur cette montre que j’ai jetée à cause d’un souvenir beaucoup trop douloureux. Elles étaient aussi lourdes que des années entières. À cause de notre connexion, j’ai ressenti du début jusqu’à la fin cette douleur, mais je n’ai pas pu te sauver, la grande faucheuse avait décidé qu’il était l’heure et elle t’a arrachée à moi, le seul être qui avait donné un sens à ma vie.
J’ai rejoué cette journée avec des « si » pour tenter de savoir si j’aurais pu changer l’histoire, comme dans un film, j’ai enfilé la cape du scénariste et j’ai tenté maintes possibilités. La fin était la même, je me réveillais et tu n’étais pas là, tu avais rejoint les cieux pour un monde meilleur. Je t’ai écrit tant de fois dans mon coeur, mon esprit a joué un avenir qui ne se produira jamais, j’ai imaginé comment mes enfants pourraient t’appeler, comment on aurait pu découvrir ce futur qui me fait si peur, car je n’ai pas les clés, j’ai juste cette impression que je n’atteindrais jamais la fin de ce tunnel sombre et glacial.
Durant les premières années, j’ai géré comme un chef ta disparition, je donnais le change, tout le monde pensait que j’allais merveilleusement bien, mais en réalité, j’ai envisagé cette fin tant de fois en cachette en espérant pouvoir te revoir une dernière fois. Comme un condamné à mort qui se retrouve dans une pièce morbide et qui ne veut pas de ce futur, il décide d’utiliser cette dernière balle pour mettre un terme à cette souffrance. Finalement, pourquoi ne suis-je jamais passé à l’acte alors que ma vie s’envolait et partait en fumée ?
Tout simplement la parole que je t’avais donnée et je n’en ai qu’une seule, tu l’as toujours su, ma loyauté est sans faille. Je t’avais promis que je continuerais cette vie et que j’aurais celle que le destin n’a pas voulu te donner. Alors je me relevais et j’avançais en traînant derrière moi un boulet tellement lourd qui me retenait au passé et qui faisait en sorte que je n’avance jamais. Tu ne connaîtras jamais nos enfants, tu n’assisteras jamais à notre mariage même si je sais que tu seras là dans mon coeur et que tu vis à travers chacun de mes pas et chacune de mes pensées, physiquement tu ne seras plus là.
Pourtant, notre bonheur on te le doit puisque tu en es l’origine. Je me rappelle la première fois que tu me l’a présenté, tu avais raison, j’ai été la seule à lire derrière son chagrin. Ensemble, on a tenté de construire un futur, mais j’ai toujours ce mal être en moi parce que je t’ai perdue. Si tu le voyais, tu serais fière, il a tellement changé, il est devenu cet homme que tu espérais et que personne n’envisageait. Tu vois, l’impossible est possible, alors pourquoi es-tu partie ?
Aujourd’hui, le 16 Février reste une journée insupportable, mais j’ai fait cette démarche, celle de concrétiser un projet qui est en moi depuis tant d’années. Je n’ai jamais eu la force de le dévoiler, car le dessiner me poussait à me confronter à cette difficile réalité. Pourtant, tu seras inscrit à ses côtés à jamais. Certaines personnes pensent que le deuil est éphémère, il dure quelques semaines puis on reprend sa vie, mais c’est faux pour la plupart. On l’enferme dans une petite boîte et il nous suit comme un air mauvais et mystérieux qui nous rappelle sans cesse que la grande faucheuse n’est jamais très loin. Après tant d’années sans toi, je me rappelle tes yeux si expressifs, ils pouvaient évoquer la joie, la haine et la tristesse en l’espace de trois secondes.
Ta voix s’échappe de plus en plus, mais ton visage reste devant moi, il m’accompagne dans chacun de mes pas. J’ai essayé d’afficher ces photos, mais c’est impossible, je ne peux croiser ton regard sans avoir cette larme à l’oeil et cette pensée : pourquoi ne t’ai-je pas sauvée ? Aurais-je pu agir différemment ? Ma vie aurait-elle été meilleure avec toi ? Je n’ai pas la réponse, elle aurait été différente, c’est certain. Depuis le jardin d’Eden, tu es là et tu nous regardes, j’espère avec du baume au coeur. À l’époque, je t’avais confié que les enfants n’étaient pas pour moi, car je n’étais pas assez mature, tu avais été impressionnée par cette réponse. Aujourd’hui, je me dis que mes enfants te connaîtront forcément.
Je leur raconterais qu’un jour, la rose a croisé cette fée dans le jardin d’Eden et qu’ensemble, elles ont dessiné un monde meilleur. Je leur apprendrais que le pire peut survenir, mais qu’il faut profiter de chaque seconde, car elles s’échappent aussi vite qu’un souffle et qu’on ne peut jamais rattraper le temps perdu. Dans la société actuelle, on a tendance à vouloir avancer vite, sans penser à ce que l’on fait, mais les regrets sont terribles, ils sont aussi lourds que des ancres, ils vous emmènent au fond de l’eau et couper les chaînes demande un effort insurmontable. Je leur apprendrais à sourire, je gommerais leur tristesse pour garder le meilleur, je les relèverais lorsqu’ils tomberont, je leur apprendrais que rien n’est impossible et que tout est possible avec de la passion. Je leur montrerais qu’un jour ils ont eu un ange qui a déposé ce cadeau sur leur berceau : celui de l’amour.
Aujourd’hui, tu serais fière, mais suis-je épanouie ? Je n’ai pas la réponse, mais un mariage se profile à l’horizon et vivre cela sans toi me terrifie. Tu seras dans les pétales des roses, dans chaque souffle, chaque mot, tu seras ce petit vent qui nous rappellera qu’un jour un ange a enveloppé nos vies. Pendant des années, j’ai pensé que vivre seule était ma punition, je me suis retirée du monde, j’ai fermé toutes les portes, j’ai vécu dans ce cachot, car pourquoi vivre si je n’ai pas pu te sauver ? J’attendais cet avenir meilleur dans l’ombre en espérant qu’il se rapproche un peu plus vite. Il aura fallu une rencontre pour que cette flamme s’allume comme celle d’un briquet poussiéreux qui essaye malgré lui de garder le cap.
J’ai compris que ma vie n’était pas celle que tu voulais pour moi alors j’ai effacé ce tableau noir que tu aimais tant et j’ai redessiné l’avenir, mais faut-il tout effacer ? Faut-il recommencer une page blanche et écrire un avenir ? Tu m’as toujours confié que le passé est dans le présent et que le présent conditionne le futur. Alors finalement, je dois conjuguer mon passé et mon présent pour me construire cet avenir qui sera forcément sans toi, mais avec toi quand même, car dans chaque pas que je pourrais réaliser, tu seras cette ombre belle et aimante. Tu resteras cette trace dans le sable qui veillera sur moi et qui me guidera.
Je sais que le fait de s’éloigner des autres n’est pas la solution, il faut compter sur ses proches qui nous aident à avancer, je l’ai compris grâce à elle. Aujourd’hui, je suis comme ce pirate qui a perdu une partie de son âme, il tente de trouver un sens à sa vie, mais rien n’est facile. J’ai vécu dans un tunnel et une seule lumière peut vous ramener à la vie alors aimez ceux qui sont proches de vous, donnez une seconde chance à ceux qui le méritent et ne vous focalisez pas sur les mécréants qui ne valent pas la peine que l’on perde ce temps si précieux. Le bonheur ne tient finalement pas à grand-chose, un sourire, un rire, un regard, une parole, une présence, un souffle.
Comme je te l’avais promis, tous les soirs je suis comme ce petit enfant qui cherche un peu de réconfort, je regarde le ciel pour contempler cette étoile qui brille plus que les autres. Je sais que tu es là et que tu veilles sur moi. Ne t’inquiète pas, je vais sécher mes larmes, j’ai repris les rênes de ma vie et je vivrais celle que tu aurais voulu embrasser. Je ferais de ma vie un rêve éveillé pour toi, parce que si j’ai le droit d’avoir cet avenir, c’est en partie à toi que je le dois. Je vaincrais toutes les peurs, les tourments, je tuerais les mécréants, j’enterrerais les méchants, je torturerais les esprits pour que seul ton regard puisse jaillir de la nuit. Nous serons heureux en pensant à toi main dans la main et forcément notre petite fille portera ton prénom.
On se quitte pour se retrouver plus tard au jardin d’Eden avec cette chanson qui te tenait à coeur, je te la dédie même si elle me déchire le coeur et que je termine cette lettre en larmes. N’oublie jamais que je t’aime bien plus que de raison et que tu es gravée à jamais dans mon coeur. J’ai vécu le suicide de celle qui était bien plus qu’une meilleure amie, elle était ma petite soeur, ma confidente, ma muse, la vie l’a emportée alors qu’elle aurait mérité de vivre de nombreux chapitres, des péripéties aussi réjouissantes qu’elle. Nous sommes le 16 Février, tu aurais eu 38 ans, tu avais les yeux bleus, tu t’appelais Adeline et tu étais ma rose.
Je reste à jamais ton élue.
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